L’île de Ré connaît une très forte pression foncière et touristique et les élus y mènent une politique de préservation des espaces naturels, notamment de l’estran, la partie du littoral qui se découvre à marée basse. Dans ce cadre, la communauté de communes de l’Ile de Ré (10 communes, 18.500 habitants) a lancé un projet de réintroduction de homards, espèce emblématique de l’île quasiment disparue. "Le homard est territorial, combatif et durable… comme les habitants de l’île de Ré", plaisante Lionel Quillet, président de la communauté de communes. Le projet né à l’automne 2012 est piloté par la direction de l’environnement de la collectivité. Il s’agit de sensibiliser les habitants et les touristes sur les conséquences de la surpêche et de la dégradation du milieu océanique. Un enjeu de taille pour une île dont la population passe de 18.500 habitants l’hiver à 140.000 l’été !
Du constat empirique au projet en faveur de la biodiversité
Dans les années 1970, il existait une forte population de homards et l’île comptait 25 pêcheurs professionnels de homards. Aujourd’hui, il reste un seul caseyeur. Pour affiner le constat, une éco-garde a rencontré les pêcheurs locaux en octobre et novembre 2012. De l’avis général, ce crustacé était très présent dans les années 70, mais sa population a chuté, et aujourd’hui on le retrouve très rarement sur l’estran (partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées). Le projet va permettre de mieux connaître la biologie du homard et d’analyser la biodiversité littorale en commençant par la réintroduction et l’évaluation de la population de cette espèce. Pour cela, les éco-gardes se sont rapprochés de structures scientifiques qui les accompagneront pour les suivis scientifiques.
Vade-mecum du lâcher de homards
"La règlementation maritime n’impose aucune contrainte particulière pour le lâcher, car le homard n’est pas une espèce protégée", indique Anaïs Barbarin, responsable des éco-gardes. En l’absence d’écloserie de homards capable de répondre à la demande de la communauté de communes en France, la collectivité s’est tournée vers une structure britannique qui a fourni 3.000 homards en 2013. "Au vu des expériences antérieures, au Canada, en Angleterre, en Allemagne ou en Norvège, l’opération est moins efficace en dessous de 2.000 homards, précise l’éco-garde. Le projet est financé par l’écotaxe du pont de l’île de Ré." Les individus de trois mois, mesurant entre un et deux centimètres, ont été relâchés le 1er août dans une zone protégée interdite à la pêche aux crustacés, au nord de l’île. La communauté de communes a signé des conventions de partenariat avec l’Etat (DDTM) et l’aquarium de La Rochelle qui mettent à disposition des plongeurs et des bateaux pour le lâcher. Le projet va durer cinq ans, délai nécessaire pour que les homards arrivent à taille adulte et soient repérables pour les études biologiques. La collectivité noue désormais des partenariats scientifiques pour mener à bien le volet d’observation et d’inventaire.
Démarche pédagogique pour tous
Les élus soutiennent fortement le projet. Le président de la communauté a même plongé le 1er août 2013, pour participer au premier lâcher de homards ! "La clé de la réussite de notre projet repose sur les enfants, estime le président. Ils sont les ambassadeurs des bonnes pratiques." Dès la Semaine du développement durable en avril, les éco-gardes ont sensibilisé tous les scolaires de l’île de Ré, puis ils ont travaillé avec les offices de tourisme et les centres de loisirs. Chaque enfant peut parrainer gratuitement la réintroduction d’un homard à l’aide d’un simple formulaire. Puis, les adoptants reçoivent des nouvelles de l’évolution des petits homards.
Cécile Perrin pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Les missions des éco-gardes
Depuis 2009, la communauté de communes de l’Ile de Ré emploie cinq éco-gardes, financés par l’écotaxe du pont. Rattachés à la direction de l'environnement, ils travaillent à pied ou en vélo électrique sur trois volets différents. Un volet gestion des espaces naturels qui consiste à réaliser des inventaires de la faune et de la flore (notamment les espèces invasives) et à protéger les zones sensibles en partenariat avec les structures locales (Office national des forêts, LPO, association environnementales…). Un volet sensibilisation qui consiste à diffuser les bonnes pratiques de pêche sur l’estran, le long du littoral, et à proposer des ateliers pédagogiques à destination des enfants et du grand public. Enfin, un volet surveillance porte sur la protection des espaces naturels, la remontée d’informations au procureur de la République en cas de surpêche ou de non-respect des tailles par les pêcheurs, ainsi que le contrôle des dépôts sauvages.
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