Nicolas Bouzou en est convaincu : "La clé de la sortie de crise est la productivité des salariés." Sauf que, pour l’économiste et fondateur du cabinet Asterès, cela risque de poser un réel problème à la France, car, à l’instar d’un certain nombre de pays développés, depuis deux ou trois décennies, la productivité ralentit. Avant le confinement, en France, elle progressait de 1% en moyenne par an, "ce qui est insuffisant pour générer une croissance qui satisfasse les revendications des uns et des autres", ajoute ce dernier, soit des salariés qui veulent plus de rémunérations, des entreprises plus de profits et l’État plus de recettes.
La question de la productivité est directement liée à la formation, car "c’est la qualité du capital humain qui fera croître la productivité, ce qui est encore plus important aujourd’hui", martèle Nicolas Bouzou qui redoute une reprise à rebond à cause notamment du manque de compétences des salariés, notamment dans les domaines de la transition numérique et écologique.
Priorité aux ETI
De même, cette faiblesse pourrait être un frein aux ambitions de réindustrialisation de la France. "Si on admet le fait que l’on peut relocaliser certaines activités, encore faut-il avoir des gens capables de travailler dans des usines 4.0 qui requièrent des compétences très pointues et nouvelles", prévient l’économiste.
Aussi, le rapport que le cabinet Astères vient de réaliser pour le compte de Fédération de la formation professionnelle - publié le 18 juin - affirme que "la crise économique conséquente a? la crise sanitaire du Covid-19 renforce encore l’intérêt de la formation et du développement des compétences". En particulier pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ayant entre 50 et 250 salariés, qui seraient devenues, selon Asterès, "le parent pauvre des politiques publiques et paritaires de formation depuis la réforme de 2018".
Ces entreprises, pourtant "motrices de la création de valeur dans les territoires", contribuent a? hauteur de 1,7 milliard d’euros a? la formation dans le système de mutualisation actuel et ne peuvent bénéficier que de 490 millions d’euros d’aides en retour.
Extension du FNE-Formation
"Nos propositions visent à corriger certains dysfonctionnements", explique Nicolas Bouzou, d’autant que la crise générant des tensions sur la trésorerie, les entreprises vont chercher à réduire leurs coûts et rentrer dans une logique de court terme. "Or investir dans la formation, c’est mobiliser de l’argent et investir dans une logique de long terme", analyse l’économiste qui appelle à la vigilance sur la question de la formation continue pour ne pas perdre en capital humain.
Parmi ses 12 préconisations (lire ci-dessous), Asterès suggère d’étendre le FNE-Formation a? l’ensemble des salariés des ETI et favoriser l’abondement du compte personnel de formation par l’entreprise comme par le salarie?. Il propose aussi de "décentraliser partiellement la politique de formation" qui serait menée en partie par les entreprises elles-mêmes et les collectivités locales. Enfin pour protéger les actifs vulnérables, il conviendrait de relever l’éligibilité? aux fonds du PIC (plan d’investissement dans les compétences) et de sauver l’alternance.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo5pllqS%2Frq3ToqanZaCnvKex0qygqKaemrmtsYyupWaklau2pr6Mqaauql2XvLC%2F056pZqSRYr2zu8Oumq2hpp7BpnnErWSsp6KptrN5w55kpZldmL%2Bqv8Q%3D