Un an après l'attribution des JO-2024 à Paris et dans la foulée de la victoire des Bleus en Coupe du monde, le mouvement sportif espère être entendu par le gouvernement et les députés pour sauvegarder ses moyens budgétaires, avec une réforme d'ampleur à l'horizon.
"On est sorti de 2017 en ayant obtenu l'organisation des Jeux olympiques. On pensait que ça allait créer une dynamique au profit du sport", explique Denis Masseglia, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui doit réunir un congrès extraordinaire ce mercredi 29 août. "Au lieu de ça, on a eu une diminution des emplois aidés, drastique, et la diminution des crédits du CNDS", le Centre national pour le développement du sport, qui distribue les subventions aux clubs amateurs, regrette-t-il, assurant n'avoir "jamais vu le mouvement sportif aussi inquiet".
Lors de la réunion, où sont conviés les présidents de toutes les fédérations - une centaine - et des comités territoriaux du CNOSF, les participants pourraient se prononcer pour une pétition nationale portant sur les moyens du sport, l'option privilégiée par Denis Masseglia qui veut "installer un rapport de forces" avec le gouvernement et les députés.
Son discours fait écho à la colère sur le terrain, où les réductions de moyens passent mal. À la rentrée 2017, le ministère des Sports avait annoncé un budget en baisse de 7%, à 481 millions d'euros, avant une rallonge de 27 millions d'euros votée au Parlement. D'ici 2024, l'État doit aussi investir 1 milliard d'euros dans les infrastructures des Jeux olympiques.
"Ici, les subventions du CNDS ont été divisées par deux. C'est extrêmement démoralisant. Il y a une vraie exaspération de voir que notre investissement n'est pas reconnu", explique ainsi Patrick Girard, président du Comité départemental olympique et sportif (CDOS) de la Vienne.
"L'année où la France a obtenu les Jeux olympiques, cela a été extrêmement brutal", abonde Brigitte Linder, présidente du CDOS de la Haute-Garonne, pas rassurée par les propos de la ministre des Sports, Laura Flessel, qui lâchait fin juillet, devant les sénateurs, que "ce n'est pas le rôle de l'État de financer durablement les clubs".
Bientôt l'Agence du sport
La mobilisation du CNOSF s'inscrit dans un contexte particulier, car dans le même temps, son patron a vivement soutenu les travaux lancés par le gouvernement pour aboutir à un nouveau modèle sportif, avec 2024 en ligne de mire. Objectif, tourner la page du système actuel, hérité du général de Gaulle dans les années 1960, où l'Etat est censé avoir la tutelle sur les fédérations, et dans lequel de nombreuses compétences sont enchevêtrées.
Après huit mois de concertation, un rapport remis à la ministre des Sports en juillet prône de changer de schéma, avec la création d'une agence qui associerait à parts égales l'État, le mouvement sportif et les collectivités et où les entreprises seraient aussi représentées, avec une part minoritaire (sur la création de cette agence, voir nos articles ci-dessous, notamment celui du 12 juillet).
Cette agence coordonnerait et financerait deux piliers, le haut niveau et le "sport pour tous", avec des déclinaisons similaires sur le territoire. Alors que sa création doit encore être officialisée, le CNOSF veut poser la question de ses moyens. Son patron, Denis Masseglia, souhaite que l'agence soit dotée de 400 millions d'euros de budget lors de son lancement, tandis que les auteurs du rapport remis au gouvernement prônent une enveloppe de 300 à 400 millions, "soit moins que le budget d'un hôpital moyen", écrivent-ils.
"Si l'on additionne les subventions aux fédérations et le budget du CNDS ce n'est pas une somme fantaisiste", insiste le patron du CNOSF. Il plaide pour le versement intégral des taxes affectées au sport dans son budget, une partie de ces prélèvements (sur la Française des Jeux, les paris en ligne ou les droits télé) retournant aujourd'hui au budget général de l'Etat. Un voeu également formulé par onze députés de la majorité dans une tribune au JDD fin juillet.
Lors de son congrès, le CNOSF doit aussi débattre des autres mesures prônées dans le rapport, dont des questions sensibles pour les fédérations sportives, comme l'élection de leurs présidents par les clubs ou la limitation de leurs mandats.
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