La Cnaf (Caisse nationale des allocations familiales) publie, dans le dernier numéro de sa lettre trimestrielle "RSA Conjoncture", les chiffres du revenu de solidarité active au 30 juin 2020. Ceux-ci montrent une hausse significative du nombre d'allocataires au second trimestre, donc en sortie du premier confinement, même si on est encore loin du million d'allocataires supplémentaires évoqué par certaines associations.
Au 30 juin 2020, le nombre de foyers bénéficiaires du RSA frôlerait les deux millions, soit très précisément 1,992 million. Ce chiffre marque une progression de 4,2% par rapport au trimestre précédent et de 6,2% par rapport au second trimestre 2019, ce qui correspond à 120.000 allocataires supplémentaires. Et il est plus que probable que la barre des deux millions a été franchie depuis le 30 juin. La Cnaf rappelle toutefois qu'"afin de sécuriser la situation financière des plus vulnérables lors de la période de confinement nécessitée par la Covid-19, les droits des allocataires n'ayant pas renseigné leur déclaration trimestrielle de ressources (DTR) ont été maintenus. Par ailleurs, les actions de contrôles ont été suspendues pendant toute la durée du confinement Ces mesures ont eu un effet important sur le deuxième trimestre 2020". Néanmoins, la Cnaf estime que, même hors de ce biais, le nombre de bénéficiaires progresserait de 3,6%, et de 2,3% net des variations saisonnières, revalorisations du barème et mesures nouvelles. La hausse est donc bien réelle, même si elle revêt pas le caractère de l'explosion annoncée.
Le RSA franchit également un autre seuil symbolique en termes de dépenses. Au deuxième trimestre, et "selon les données comptables", les masses financières versées au titre du RSA ont en effet attient près de 3,02 milliards d'euros, soit une hausse de 6% par rapport au second trimestre 2019. Selon la Cnaf, cette hausse "s'explique notamment par les mesures de maintien de droits, qui ont conduit à verser des droits aux allocataires plus tôt qu'à l'accoutumée". Si on considère les dépenses "en mois de droit" (ce qui neutralise les effets de gestion), la hausse est de 4,3%, et de 3% nettes des variations saisonnières, revalorisations du barème et mesures nouvelles.
Sans la crise sanitaire, le nombre d'allocataires aurait légèrement baissé
De façon exceptionnelle, et face à la crise sanitaire et économique, la Cnaf publie également un second document intitulé "Estimations avancées des évolutions des foyers allocataires du RSA". Celui-ci met en évidence – même si on s'en doutait un peu – le rôle décisif de la crise sanitaire dans la montée actuelle du nombre de bénéficiaires. La Cnaf constate ainsi qu'"à partir du mois de juin, la détérioration de la situation économique (notamment les moindres opportunités d'emploi) explique l'évolution du nombre de foyers allocataires. La hausse du nombre de foyers allocataires s'explique d'abord par le faible nombre de sorties du droit (-110.000 foyers allocataires par rapport à la situation contrefactuelle), principalement celles qui auraient été liées à une amélioration des ressources, puis par l'importance des entrées d'allocataires ayant été allocataires du RSA dans le passé et cessé de l'être le trimestre précédent (+20.000). En revanche, les entrées dans le droit des nouveaux allocataires sont comparables à la 'situation contrefactuelle' depuis mars 2020".
Le deux courbes publiées par la Cnaf entre novembre 2019 (base 100) et septembre 2020 sont éclairantes. A partir de février 2020, la courbe des foyers allocataires estimés en l'absence de crise (situation contrefactuelle) et celle foyers allocataires observés se mettent à diverger fortement. La première descend très légèrement sous l'indice 100 (autrement dit, sans la crise il y aurait eu un peu moins d'allocataires en septembre 2020 qu'en novembre 2019), alors que la courbe des foyers allocataires observés part en flèche pour arriver aux alentours de l'indice 108 en septembre.
À noter, la Cnaf publie également deux cartes. L'une montre l'incidence du RSA. Sans surprise, les régions affichant le plus grand nombre d'allocataires sont la partie nord de la France et l'arc méditerranéen. La carte montrant l'évolution de la répartition de l'évolution des foyers allocataires entre le troisième trimestre 2019 et son équivalent de 2020 est en revanche assez différente. Les progressions les plus fortes s'observent en effet tout le long des frontières est de la France, dans le grand Ouest et au sud du Massif central.
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