Des océans et des mers sains, connaissance et sensibilisation accrues pour une meilleure gestion de ces derniers, une économie bleue durable au soutien de la relance et de la prospérité, mais aussi "socialement juste, équitable et inclusive", telles sont les grandes orientations que le Conseil de l'UE vient de fixer dans ses conclusions, adoptées le 26 mai, relatives à "une économie bleue durable" – entendre les secteurs liés aux océans, aux mers et aux espaces côtiers. Des conclusions qui suivent de peu la publication par la Commission européenne de sa propre stratégie en ce domaine, dans une "nouvelle approche" que le Conseil indique soutenir "à de nombreux égards".
Pas de vert sans bleu… et réciproquement
"Il ne peut pas y avoir de vert sans avoir de bleu." Présentant cette nouvelle stratégie, – qui se substitue à celle de 2012 sur "la croissance bleue" – les services de la Commission soulignent l'importance de "la contribution des océans à la production d’énergie, à l’écologisation des transports et à la production alimentaire durable". "Après tout, l'océan est le principal régulateur climatique dont nous disposons", rappellent-ils.
Mais la Commission est évidemment convaincue que la réciproque se vérifie également. "Qu’il s’agisse des modifications de la température des eaux, de leur acidification, de l’élévation du niveau de la mer ou de phénomènes toujours plus intenses et plus fréquents comme les inondations ou l’érosion, les effets du changement climatique et des émissions de gaz à effet de serre sont dévastateurs pour nos océans, nos côtes et les populations qui vivent dans ces régions. Associés à la menace majeure que représente l’appauvrissement de la biodiversité, provoqué par le changement climatique, la pollution, la surexploitation des ressources et la destruction des habitats naturels, ces effets du changement climatique sont un défi pour la résilience de l’économie bleue et de la société dans son ensemble".
Bruxelles repasse donc au crible du pacte vert sa stratégie en la matière, invitant tous les secteurs (pêche et aquaculture, tourisme, activités portuaires et construction navale…) à prendre leur part, alors que "d’ici à 2030, un tiers des investissements dans l’économie bleue pourraient encore être non durables". Décarbonation et dépollution du secteur de la production d'énergie, du transport maritime et des ports, prévention des déchets (singulièrement le plastique), conservation et protection de la biodiversité, promotion de solutions fondées sur la nature pour la résilience côtière, pêche durable, meilleure connaissance des océans forment le gros des objectifs fixés.
Parmi les mesures concrètes envisagées, figure une "proposition d’objectifs juridiquement contraignants visant à restaurer les écosystèmes dégradés, en particulier les principales zones de frai et d’alevinage et les zones présentant le plus grand potentiel de captage et de stockage du carbone, ainsi qu’à prévenir les catastrophes naturelles et à en atténuer les effets". En collaboration avec les États membres, les régions et l’Agence européenne pour l’environnement, la Commission entend également désigner des zones marines protégées supplémentaires d’ici la fin de l'année. Elle escompte encore soutenir des initiatives participatives locales (telles que des groupes de développement local dirigés par des acteurs locaux, des groupes d’action locale en matière de pêche, etc.) qui associent la régénération des ressources marines à la préservation des moyens de subsistance locaux.
Tirer pleinement parti des fonds européens
La Commission prévoit en outre de stimuler la coopération entre les régions côtières et les îles ayant des besoins communs au sein d’un même bassin maritime, mais aussi d'aider villes et régions concernées "à tirer pleinement parti des fonds et des mesures incitatives de l’Union". Un programme de soutien, sous la forme d’un "plan d’action pour les projets écologiques locaux", est ici prévu. Les États membres sont, eux, "instamment" priés d’intégrer les stratégies relatives aux bassins maritimes et les stratégies macrorégionales dans la programmation des fonds de l’Union.
Gardant en tête que "l'économie bleue de l'Europe fournit 4,5 millions d'emplois directs", qui plus est "souvent situés dans des régions où les découchés professionnels sont rares", la Commission dénonce par ailleurs "l’idée dépassée de l’antagonisme entre protection de l’environnement et économie". "La transition crée déjà des emplois : quelque 30% des entreprises d’énergie renouvelable offshore, par exemple, se plaignent soit de l’indisponibilité des compétences dont elles ont besoin, soit d’une pénurie de compétences existantes. Dans le seul secteur de l’énergie éolienne en mer, le nombre d’emplois pourrait tripler d’ici à 2030", souligne-t-elle.
Relevons par ailleurs que la Commission vient ce 31 mai de présenter de nouvelles orientations sur les règles relatives aux plastiques à usage unique d'une part, et d'adopter une décision d'exécution permettant aux États membres de s'acquitter de leur obligation de révéler, à partir de 2022, les engins de pêche contenant du plastique mis sur le marché et les engins de pêche repêchés en mer, d'autre part.
ncG1vNJzZmivp6x7o63NqqyenJWowaa%2B0aKrqKGimsBvstFoo66dXauytsCMqZisq5WneqWxjKWYZpuipLa0v8Cnmp5lkqGytrGMpZycp56kuqqxjJujnq2VYrG2vsCbo54%3D