Dans un environnement proposant le thermalisme de santé, le président du syndicat (à l’époque maire de Loudenvielle, aujourd’hui premier-adjoint) Michel Pelieu, avait convaincu ses membres de proposer une offre thermale à la fois ludique et liée au bien-être. Cinq bassins et 46 emplois plus tard, le pari est gagné.
« Dès le départ, nous avions conçu cet équipement comme évolutif et le moins budgétivore possible », précise l’élu pyrénéen. Le centre ouvre donc en juillet 2000, avec deux bassins intérieurs proposant les bains romains (complétés de petits bassins à différentes températures) puis amérindiens, avant de créer l’espace de soins en cabine et d’aménager les espaces d’accueil et de stationnement. Devant le succès rencontré, le centre se développe avec, en 2011, la création d’un grand bassin extérieur (trois petits bassins reliés entre eux) pour les bains japonais. Le défi est lancé : « Il s’agissait de ne pas consommer plus d’énergie en intégrant ces nouveaux bassins », explique Didier Sattler, directeur technique et l’un des trois directeurs adjoints du centre. Après un an de fonctionnement, la facture énergétique a augmenté de 1 000 €. Sur un montant total de plusieurs milliers d’euros, le défi est relevé. Pour réussir, le centre a introduit deux nouvelles sources d’énergie à côté du gaz propane, très facile d’usage car flexible, dans l’appel d’offres pour l’énergie.
D’abord, le réseau de chaleur bois en partenariat avec ONF Energie devenue Estera : « c’est un réseau de chaleur qui utilise le bois broyé, une ressource disponible localement. Ce réseau de chaleur bois mélangé au gaz fournissait à ce moment-là une puissance de 300 kilowatts, tandis que le gaz représentait 1,5 mégawatt. » En parallèle, est mise en place la géothermie, via une pompe à chaleur qui permet de récupérer la chaleur des eaux usées des bassins intérieurs ainsi que le trop-plein d’eau thermale. Puissance de la pompe à chaleur : 500 kilowatts. « Les bassins japonais fonctionnent sans l’énergie du gaz ou du bois. De plus, la pompe à chaleur offre une puissance disponible supplémentaire que nous utilisons pour chauffer l’air et l’eau des bassins intérieurs, précise Didier Sattler. L’impact des bains japonais sur la facture énergétique est donc vraiment minime. Ils ont été l’occasion d’innover et de moderniser l’installation de distribution d’énergie ». En 2015 puis en 2019, deux nouveaux bassins extérieurs sont créés (bains incas et bains mayas) chauffés, eux, grâce à l’énergie gaz et bois.
Innovation technologique
La logique d’innovation est aussi chez les partenaires : en 2017, Estera met au point une nouvelle chaudière permettant de passer à une puissance de 500 kilowatts (contre 300 en 2011) et surtout d’optimiser la production de chaleur. Fini le mélange bois gaz : « grâce à une cascade automatique, nous utilisons d’abord le bois, puis le gaz, si nécessaire ». Résultat, aujourd’hui, la répartition des énergies utilisées est de 60 % pour le bois et 40 % pour le gaz. « Au fil des années, nous avons créé un vrai mixte des sources d’énergie qui permet, parce que nos réseaux sont imbriqués les uns dans les autres, d’intervenir sur la proportion de chacune », précise Didier Sattler. Pour l’avenir, Estera travaille à une augmentation de la puissance fournie par le bois, vers 1 voire 1,5 mégawatt.
Quant à la consommation énergétique globale, elle s’élevait en 2019, à 5 500 mégawatts, se répartissant comme suit : 2 100 pour l’électricité, 2 600 pour le bois et 700 pour le gaz propane. « Aujourd’hui, nous utilisons le gaz pour compenser les manques. Notre outil énergétique apporte à la fois sécurité et fiabilité ainsi que l’autonomie indispensable, compte tenu de notre situation géographique. »
D’autres sources d’économie d’énergie
Toujours à la recherche d’efficience économique et énergétique, le centre a engagé un partenariat avec la start-up alsacienne Sunny Shark, qui promet d’optimiser la consommation énergétique en installant une station météo sur l’ordinateur central : un algorithme ajuste en temps réel la température, l’hygrométrie, le confort de l’air et de l’eau de tous les équipements… La mise en place commence en novembre 2022, 10 à 20 % d’économie d’énergie sont espérés. Sur une facture de plusieurs centaines de milliers d’euros, 10 % ne sont pas négligeables. En moyenne, le centre dépense chaque année 150 000 € pour le bois, 60 000 à 100 000 € de gaz (le coût indexé sur celui du pétrole est très variable) et 360 000 € pour l’électricité. Un budget énergétique très maîtrisé en regard des 6 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel : « ce chiffre d’affaires est essentiel à la rentabilité globale. Balnéa est l’un des premiers centres thermo-ludiques en France et le public fait jusqu’à trois heures de route pour y passer la journée », précise Claire Bourg, directrice adjointe. Précisons que sur un coût moyen d’entrée de 19 à 20 €, l’énergie représente 2 à 3 €
Autre piste d’amélioration : la gestion des cycles d’animation. Alors qu’une centaine de pompes fonctionnent pour offrir aux visiteurs moult animations dans les bassins (jet, bulles…), le réglage de celles-ci présente un potentiel de gain énergétique non négligeable. L’arrêt du jacuzzi par exemple, réglé sur 5 minutes plutôt que 6, permet d’économiser 10 % d’électricité sur ce poste. Sans aucun impact sur le confort des utilisateurs.
Un forage à venir
Enfin, pour augmenter la part de géothermie, le syndicat thermal et touristique de la Haute Vallée du Louron s’engage dans le forage de nouvelles sources. Alors que le centre est actuellement alimenté par trois sources (classées eaux minérales) respectivement situées à 2 km, 1 km et quelques centaines de mètres, un nouveau forage sera mis en œuvre prochainement pour capter une eau en profondeur (entre 200 et 500 mètres), plus près du centre et très chaude. Coût de l’opération (recherche de la source, forage, transport dans des conduites calorifugées, homologation de l’eau…) pour le syndicat : environ un million d’euros.
Si l’intérêt pour le centre thermo-ludique n’est plus à démontrer, cela n’empêche pas les élus et les gestionnaires de poursuivre leur engagement pour élargir l’offre proposée. Alors que les piscines les plus proches sont à Tarbes et Lannemezan, soit une bonne heure de route, le syndicat a pris la décision de créer une piscine de nage : « Nous souhaitons à la fois poursuivre la diversification de l’offre touristique et répondre aux besoins de la population de notre territoire ainsi qu’à ceux des nombreux sportifs présents dans la région. Au centre, les infrastructures d’accueil nécessaires sont déjà en place, ce nouvel équipement ne pèse donc en rien sur la fiscalité des communes », explique Michel Pélieu. La piscine départementale (15 X 25 mètres) sera inaugurée début 2023. Une chance pour les visiteurs du centre thermo-ludique et pour tous les habitants du Louron, un véritable luxe par les temps qui courent.
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